La plus ancienne synagogue de France en activité est à Carpentras ! A voir la salle de culte, les bains rituels (Mikvé), la boulangerie authentique. A découvrir absolument. Des visites guidées sont aussi programmées pour mieux connaître l'histoire des Juifs du Pape, une notion toute particulière !

Un décor baroque du 18ème siècle

La façade, volontairement discrète date de 1909, la salle de culte offre un décor baroque du 18ème siècle, avec colonnes et décor en faux marbre, tandis que le rez-de-chaussée abrite les parties les plus anciennes : les bains rituels, les 2 boulangeries – l’une réservée au pain quotidien, l’autre à la confection du pain azyme, sans levain - et une salle dédiée à Jérusalem dans l’enceinte de prière.

L'histoire des Juifs du Pape

Chassés du Royaume de France, les Juifs trouvent en Comtat Venaissin, possession du Saint-Siège, une terre d’asile pour les communautés depuis longtemps persécutées.

Jusqu’au 13ème siècle, les Juifs du Midi connaissent un âge d’or, en particulier à Carpentras où le Pontificat les protège des spoliations pratiquées ailleurs. Mais ils sont obligés de porter la rouelle, pour être identifiés au sein de la population.

Dès le 14ème siècle, leur situation se dégrade. Le pape Jean XXII s’octroie leurs revenus. Survient alors la révolte des pastoureaux, dont ils furent les premières victimes. Ils sont chassés du Comtat et le Pape ordonne la destruction de la synagogue. Ils sont alors assignés à résidence à Avignon, où ils resteront jusqu’en 1337.

A leur retour dans la capitale comtadine, l’évêque Jean III Roger, bienveillant à l’égard de cette communauté, les autorise à construire une nouvelle synagogue -édifiée en 1367, ses fondations sont celles que nous connaissons aujourd’hui-, leur accorde un cimetière pour remplacer le premier. Le quartier juif se déplace alors vers le centre-ville.

Mais au 15ème siècle, le Pape Benoît XIII leur interdit la pratique des métiers de banquier et médecin – bien qu’à cette époque, 60% des médecins sont juifs-. Le Concile de Carpentras – 1446 – leur interdit par ailleurs d’assister à des cérémonies religieuses chrétiennes.

Un Vidimus de 1451 fixe les dimensions maximales de la synagogue à 14 m X 8 m et des Pogroms éclatent en 1459. Le Concile de Bâle viendra parachever la situation avec l’instauration des carrières – carriéro en Provençal, Méçila en Hébreu, qui désigne la rue – ghettos juifs du Comtat Venaissin.

Jusqu’à la Révolution française, la présence des Juifs n’était autorisée que dans Quatre Saintes Communautés : Les carrières d’Avignon, Carpentras, Cavaillon et Isle sur la Sorgue, dont les portes étaient fermées chaque soir. Obligation était faite aux juifs de porter le chapeau jaune – doù Capeù – pour pouvoir circuler librement.

Au 17ème, malgré toutes les mesures coercitives à leur encontre au cours des siècles passés, les Juifs semblent plus libres, bien que toujours enfermés dans la carrière dont ils ne sortent que peu et à certaines conditions. La communauté juive de Carpentras est, des quatre, la plus nombreuse et sa population ne cesse de s’accroître dans un espace qui, lui, reste identique.

Au 18ème siècle, autorisation est donnée aux Juifs de Carpentras de reconstruire la synagogue qui tombe en ruines, mais elle doit être moins haute que l’église.

La Révolution française, avec en 1791, le rattachement du Comtat Venaissin à la France, octroie la citoyenneté française aux Juifs. Beaucoup d’entre eux quittent alors Carpentras.

Le Ghetto sera démoli au 19ème siècle. Ne subsistent aujourd’hui que les noms de rues et la Synagogue, lieu de culte toujours en activité. Monument historique, elle abritera bientôt un musée judéo-comtadin dans ses sous-sols en rénovation, qui abritent encore la boulangerie, le Mikvé et les bains rituels.