Le Président du Conservatoire des vins de Beaumes de Venise nous explique par l'intermédiaire d'un interview les coteaux et restanques, qui offrent un paysage singulier au célèbre vignoble.

AOC Beaumes de Venise interview le Président du Conservatoire Jean-Paul ANRES

AOC : On dit que le vignoble de Beaumes de Venise est un vignoble de « côteaux », pouvez-vous nous expliquer ce terme et les raisons de ce mode de plantation ?

JPA : Les aires d’appellation Beaumes de Venise et Muscat de Beaumes de Venise sont situées sur le versant Est et Sud-Est du massif des Dentelles de Montmirail.

Les « banquettes » sur lesquelles sont actuellement plantées les vignobles des AOC Beaumes de Venise existaient déjà lorsqu’il y avait les plantations d’abricotiers, d’oliviers et de cerisiers. Ces « restanques » ou « faysses » ont naturellement été réutilisées afin d’éviter les terrassements trop importants.

Ce mode de culture permet d’éviter l’érosion en respectant au maximum les courbes de niveaux afin de garder une bonne structure de sol tout en permettant un ensoleillement maximum. Une partie du vignoble est d’ailleurs classé « paysage de reconquête ».

AOC : Pouvez-vous nous parler des « muscadières », peut-on encore en voir ?

JPA : Les « muscadières » les plus connues étaient celles des papes installés en Avignon au XIVème siècle, plus récemment le vignoble planté en cépage Muscat s’est redeveloppé à partir des années 1950.

Or, le cépage Muscat nécessite un maximum d’ensoleillement et la meilleure exposition possible donc positionner ces plants dans les murets qui composent les « restanques » permettait d’exploiter ces espaces pierreux nécessaires à la structuration du vignoble mais aussi d’avoir un maximum de concentration dans les baies grâce à la restitution de la chaleur par les cailloux qui composent les murets.

L’association « Les Courens, partager le Patrimoine » est en train de mettre en place un verger conservatoire sur les hauteurs de Beaumes de Venise afin de permettre au visiteurs de voir, entre autre, ce mode de culture ancestral.

AOC : Pouvez-vous nous présenter la structure et votre rôle au sein de celle-ci ?

Jean-Paul ANRES : Il y a une vingtaine d’années, Pierre Meissonnier, vigneron à Beaumes de Venise, était alors président de notre structure et a initié le rapprochement entre la cave coopérative et les vignerons indépendants. Lors de ce regroupement le mot « syndicat » paraissait trop revendicatif, le mot « Conservatoire » lui a donc été préféré. Cela permet également de garder à l’esprit que nous nous occupons de ce que nous ont laissé nos anciens pendant un temps avant de le laisser à la génération suivante…

De syndicat nous sommes aussi passé en Organisme de Défense et de Gestion (ODG) en 2009 ajoutant les attributions techniques et réglementaires, la partie communication et promotion étant confié à la section interprofessionnelle.

Pour ma part, j’ai assuré le secrétariat pendant de nombreuses années et je suis devenu président du Conservatoire en 2005, année de passage en Cru du Beaumes de Venise rouge, à la suite de Pierre Meissonnier qui avait déjà oeuvré à cette reconnaissance.

AOC : Vous êtes également vigneron, pouvez-vous nous dire sur quels terroirs sont situés vos parcelles

JPA : j’ai repris l’exploitation de mes parents en 1981, nous avions à cette époque beaucoup de cerisiers, abricotiers, raisins de table et de cuve, puis nous nous sommes de plus en plus spécialisés. A l’origine les terres familiales étaient situées principalement sur les communes de La Roque Alric, Lafare et un peu sur Beaumes de Venise.

Puis nous avons agrandi le domaine avec des terres issues de la commune d’Aubignan qui sont maintenant travaillées par ma fille. La première cuvée « Trias » vinifiée en 1997 par Rhonéa, provenait des terres des « Sarrierres » sur la commune de La Roque Alric, issue du terroir si particulier et unique du Trias qui n’affleure que dans très peu d’endroits dans le monde.

Je produits également du Muscat du Beaumes de Venise, des Côtes du Ventoux, des Côtes Du Rhône et un peu de Vin de Pays. Lorsque j’ai commencé à travailler le Muscat de Beaumes de Venise connaissait son plein essor. Or, le cépage « Muscat à petit grain » demande beaucoup de travail manuel et se télescopait avec le travail des cerises. Quant aux abricots, on nous reprochait souvent leur petit calibre malgré une excellente qualité, de plus, les récoltes étaient assez irrégulières, nous avons donc préféré planter de la vigne.

AOC : Quel peut être la durée de vie d’un plant de Muscat ?

JPA : De manière générale de 60 à 120 ans … Pour ornement, si le plant n’est pas malade, la durée de vie est illimitée.

AOC : Quel est votre accord culinaire préféré avec les vins de Beaumes de Venise ? Avez-vous une recette ?

JPA : Très simplement, je l’apprécie à l’apéritif ou en dessert. Ma recette : prendre autant de poires que de convives, les peler en gardant le pédoncule et les placer dans une casserole. Arroser de Muscat de Beaumes de Venise jusque mi-hauteur et laisser cuire 15 à 20 minutes. Dresser les assiettes avec une poire et napper de jus de Muscat réduit. Les plus gourmands pourront ajouter une boule de glace à la vanille !