Un site dépaysant...

C'est un canyon grandiose et sauvage percé de grottes.

"De Monieux (alt. 637) à Méthamis il s'étend sinueusement sur une vingtaine de kilomètres d'étendue, avec une dénivellation totale d'environ 300 mètres ; c'est en somme un véritable et magnifique canyon qui, dans le point le plus resserré de sa partie inférieure, n'a pas 10 mètres de largeur, tandis que sa profondeur maximum atteint 300 mètres, à la base du grandiose Rocher du Cire (864 mètres), une des plus majestueuses et flamboyantes falaises que l'on puisse voir...
C'est un inoubliable tableau, où le contraste est saisissant entre la fraîche et mystérieuse ombre de la fissure et la lumineuse ardeur du bleu ciel provençal" Edouard-Alfred Martel, 1902

Découvrez aujourd'hui ce site exceptionnel via la route D942 jalonnée de tunnels et de belvédères au départ de Monieux sur une longueur de 21 km pour finir à Villes sur Auzon. On peut faire le tour des gorges par la D14 jusqu'à Méthamis puis la D5 pour revenir à Monieux. Le tour complet fait 66 km.

Construction de la route

Dès le XIXe siècle et surtout au début du XXe, on réfléchit à la possibilité de franchir les gorges en évitant la pénible montée vers la Gabelle. On voit naître de projets audacieux, comme par exemple celui de l’édification d’une ligne de chemin de fer dans le fond des gorges ( !). Finalement, il est décidé de construire une route surplombant et épousant la forme tortueuse des gorges (la D942). Elle voit le jour en 1911 ; trois tunnels ont même dû être taillés dans la falaise pour en permettre le passage. Dèsormais, il ne fallait plus qu’une nuit pour parcourir la distance entre Sault et Carpentras, à une vitesse de 7 km/h : des haltes nécessaires pour reposer et ressourcer hommes et bêtes étaient prévus, comme au Relais de Fayol par exemple. La création de cette route mit fin à l’isolement du plateau de Sault et en ce début de siècle, le commerce s'y développait. Aujourd’hui, la route des gorges n’a quasiment plus qu’une vocation touristique : une troisième route franchissant le col des Abeilles (alt. 1000m) relie Sault à Villes-surAuzon en moins de 20 minutes.

La chapelle roman Saint-Michel de Anesca

Au fond des gorges se situe une chapelle troglodyte du XIIe siècle, accessible uniquement à pied. La chapelle Saint-Michel de Anesca (de la Nesque) est un édifice modeste mais intéressant par sa situation, son ancienneté et son histoire.

De forme rectangulaire elle se compose d'une courte nef triangulaire et d'une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. A l'intérieur se trouve un cippe votif gallo-romain. La chapelle a été restaurée en 1643 ainsi qu'en atteste une inscription sur le claveau central de la porte cintrée.

L'Homme de Néandertal, ce cousin...

Au dessus de la chapelle Saint Michel se trouvent deux abris sous roche superposés. Les fouilles archéologiques ont démontré qu'ils ont été occupés à l'époque préhistorique. Ces grottes étaient accessibles par une échelle qui pouvait être remontée le soir.

Les premiers chasseurs qui fréquentaient les gorges 150 000 ans avant notre ère se nourrissaient de rhinocéros, mégacéros, auroch, cheval, cerf ou encore élan.

Les fouilles du site du Bau de l'Aubesier ont mis en évidence, en 2006, la présence de l'homme de Néandertal et de pré-Néandertaliens dans les gorges de la Nesque.

Pour en savoir plus, site de l'archéologue Serge Lebel, Université de Québec, Montréal