Le Ventoux n’est pas un col comme peuvent l’être le Tourmalet, l’Izoard ou le Galibier qui, bien que culminant à une altitude bien supérieure, dissimulent leur sommet jusqu’à l’ultime lacet

L’ascension du Ventoux par les coureurs du Tour de France, de la réalité au mythe...

Le Ventoux n’est pas un col comme peuvent l’être le Tourmalet, l’Izoard ou le Galibier qui, bien que culminant à une altitude bien supérieure, dissimulent leur sommet jusqu’à l’ultime lacet. Il a, lui, la souveraineté du mont, un mont couronné de pierrailles qui reflète le soleil. Si le franchissement d’un col est nécessaire pour passer d’une vallée à l’autre, quelle peut bien être l’utilité de cette ascension ramenant les coureurs sensiblement vers le point de départ ? Le Ventoux est un défi. Il ne sert à rien qu’à être grimpé.

Des victoires, des exploits mais aussi des défaillances et des drames

Au cours des seize passages ou arrivées sur son sommet : victoires, exploits mais aussi défaillances et drames.

La liste serait longue à énumérer. Elle rappellerait sûrement le suisse Ferdi Kubler dit « l’Aigle d’Adliswil » devant faire face à la plus grande déroute de sa carrière près du Chalet Reynard ; le breton Jean Malléjac, ivre de soleil, chutant sur le bas-côté de la route, continuant à pédaler dans le vide comme un automate ; Louis Bergaud, dit « la puce du Cantal », marchant à côté de son vélo, le souffle court, jurant qu’il n’avait jamais autant souffert de sa vie ; Bobet, harcelé par une induration; Eddy Merckx et son coéquipier Van den Boosche, tous deux victimes d’un malaise à peine arrivés sur la terrasse de l’Observatoire ; l’anglais Tom Simpson mort d’épuisement au milieu du désert de pierre.

Pour rajouter au sentiment d’inquiétude, l’ascension de cette montagne, à la différence des grands cols alpins et pyrénéens qui, gravis tous les ans, finissent par devenir familiers, est plus rarement imposée aux coureurs, comme si les organisateurs redoutaient son pouvoir maléfique.

Le jour ou le Mont Ventoux est devenu une légende

Lucien Lazaridès est le premier coureur du Tour de France à avoir franchi le sommet du mont Ventoux.

C’était en 1951. 17ème étape reliant Montpellier à Avignon.

Il faisait très chaud. Les organisateurs avaient choisi la route du versant nord de la montagne pour permettre aux coureurs de se départager avant de filer franchir la ligne d’arrivée sur les bords du Rhône.
Dès les premières pentes au-dessus de Malaucène, l’espagnol Manolo Rodriguez lançait une attaque provoquant l’éclatement du peloton. Une douzaine de coureurs dont Koblet porteur du Maillot Jaune se détachaient. Bientôt, seuls Bobets, Géminiani, Lazaridès et Bartali arrivaient à rester dans la roue du champion suisse. Lazaridès a alors accéléré progressivement, il se sentait bien et tenta sa chance. 3ème derrière Koblet et Géminiani, il appuya plus fort sur les pédales sans se retourner, follement encouragé par d’innombrables spectateurs et franchit la ligne marquant la cime du sommet. Il entrait dans l’histoire du Tour de France ! Il dévala la descente, doublant même les voitures et motos qui annonçaient la course. La route n’était pas en bon état. Il prit le virage de Saint-Estève par le devers.

Tout seul sur la route jusqu’à l’entrée du village de Bédoin. Mais se fit rattraper après la sortie du village par Géminiani et Koblet, puis vers Carpentras par Bobet et Barbotin. Bobet remporta ce jour-là. Lucien Lazaridès finit 6ème de l’étape et 3ème du classement général du Tour de France remporté par l’intouchable Hugo Koblet devant Géminiani.

Source Bernard Mondon, directeur des Carnets du Ventoux
Voir sa vidéo en 2016, dernier passage du Tour de France sur le Ventoux          ⇓⇓⇓