Une mosaïque du 3ème siècle de retour à l'Inguimbertine

Culture - Loisirs

En villégiature en île de France depuis février 2022 pour bénéficier d’une restauration bien nécessaire auprès de professionnels de la conservation des biens culturels, cette imposante pièce d’histoire a repris du poil de la bête après un nettoyage plus que printanier. Elle vous accueillera au début de votre parcours dans le futur musée de l’Inguimbertine.

Les origines de cette mosaïque

C’est en 1832 lors de travaux dans leur maison faisant l’angle entre la rue du Forum et le boulevard Albin Durand, que les frères Lazare découvrent une mosaïque de pavement assez importante de 18m² qui témoigne de manière spectaculaire du passé gallo-romain de Carpentras, cité fondée un peu avant le Ier siècle au moment de l’occupation du sud de la Gaule par les Romains. Un relevé aquarellé est réalisé par ses inventeurs, aujourd’hui conservé à l’Inguimbertine, précieux témoin de ce pavement d’une villa gallo-romaine, daté du 1er tiers du IIIe siècle (photo 1).

Encore en place en 1839, elle est déposée peu de temps après, en plusieurs fragments. En 1889, les frères Lazare donnent à la bibliothèque-musée douze fragments représentant 7,80 m² de cette mosaïque. Ces fragments seront remontés et exposés dans le musée archéologique qui ouvre dans l’ancienne chapelle des Visitandines en 1936 (photo 2). En 2023, un groupement de restauratrices composé de Astrid Maillard, Célia Casado, Julie Thiaudiere, Marie Vincent, Adeline Fournal et d’Aïnhoa Crutel (toutes issues de l’Université Paris 1 ou de l’Institut National du Patrimoine) a procédé à la restauration de cette mosaïque en vue de son exposition dans le futur parcours d’exposition permanente de l’Inguimbertine à l’hôtel-Dieu.

Un processus long et minutieux

Il a d’abord fallu procéder à une dérestauration des traitements effectués en 1936 en retirant les mortiers de restauration très alourdissant (chaque plaque pesait 15 kilos) mais aussi ceux d’origine, très salins et facteurs d’instabilité pour les tesselles (petits fragments de céramique ou de pierre de forme carrée dont l’assemblage dessine les motifs). Lors de ce retrait, il a été constaté l’existence d’un dessin préparatoire encore présent sur certaines zones, ce qui est assez rare. C’est pourquoi ces fragments de mortier avec dessin préparatoire ont été traités en conservation et ont aujourd’hui rejoint les réserves de l’Inguimbertine pour être mis à la disposition de chercheurs. Il a également fallu enlever une épaisse couche de cire encrassée grâce à des solvants, des savons neutres et un abrasif léger lorsque cela s’avérait indispensable.

La restauration a aussi été l’occasion d’étudier l’emplacement précis des fragments en vue d’un remontage le plus authentique possible. Les importantes zones lacunaires (manquantes) sont restées vides quand l’œil peut comprendre et recomposer les motifs manquants (dans les parties à motifs géométriques). Pour la bordure à motifs végétaux et floraux, il a été décidé de combler les lacunes par un dessin au trait reprenant le relevé effectué en 1832 par les frères Lazare (photo 3).

En place dans son nouvel écrin

La mosaïque a été remontée début juin dans son habitat  où elle sera exposée pour une longue durée. Cette installation a donné le coup d’envoi à l’accrochage des œuvres de l’exposition permanente, avant sa prochaine ouverture au public qui clôturera cette vaste opération de transfert de l’Inguimbertine à l’hôtel-Dieu.

Pour en savoir plus :

http://www.restaurationmosaiques.com