Les traditions de Noël au travers des végétaux avec "Mille et une plantes"

Les végétaux toujours verts sont sacrés depuis que l’homme existe quasiment, quelles que soient les cultures et les religions car ils représentent la force de la nature dans l’obscurité de l’hiver. Noël aurait été calqué sur les cérémonies du solstice d’hiver afin de remplacer les cultes païens. Durant les fêtes du solstice d’hiver, on célébrait le jour de la naissance de l’astre solaire. Nous sommes ainsi passés d’une naissance à une autre. L’Homme avait peur de la victoire de l’obscurité, peur que le soleil ne revienne pas ; peur de manquer de nourriture, peur que la végétation qui avait perdu ses feuilles durant l’hiver ne renaisse pas.
• Les Celtes faisaient des offrandes au dieu Gargan à cette période.
• Les Grecs se livraient au culte de Mithra le 25 décembre, sa statue était coiffée d’un bonnet phrygien. Ce jour-là, le sang d’un taureau égorgé fertilisait le monde. On imaginait que de l’animal jaillissaient des herbes médicinales, du blé, et de son sang, du vin. Cette fête fut reprise par les romains qui la nomèrent sol invictus, le soleil invaincu. L’empereur Aurélien aurait imposé cette fête dans tout l’empire afin de fédérer les différents peuples de l’empire autour d’un événement festif commun.
• Les Romains célébraient les saturnales à cette période et s’offraient déjà des cadeaux dans leurs belles maison décorées de branchages à cette occasion. Dans toutes ces traditions, l’élément feu y est représenté par des torches, des lampes à huiles, des bougies allumées…

Le gui : tout comme le blé vert, les couronnes que l’on met sur les portes, il symbolise le renouveau. En Provence, nous ne trouvons pas du gui facilement suivant les endroits, aussi, est-il moins utilisé.

Le blé vert : mis à germer à la Sainte Barbe (4 décembre et début de la période calendale provençale). Malheur pour la maisonnée s’il ne germe pas bien ou s’il moisit.

Le Houx : Il est considéré comme un porte-bonheur, un chasse-diable, un protecteur des troupeaux, des humains. Les charretiers avaient pour coutume de glisser une cheville de houx en cachette de leur client afin qu’il n’ait pas d’accident avec son attelage, pour que ça porte chance au convoi. Les celtes imaginaient que les esprits s’y réfugiaient car le soleil ne quittait jamais le houx et il restait toujours vert.

En Provence lorsque les anciens parlaient de houx pour Noël, on pouvait avoir affaire au vrai houx (ilex aquifolium) ou au petit houx appelé fragon également (fragus esculeatus).
Si vous envisagez de décorer votre maison avec un houx, sachez qu’en Vaucluse sa cueillette est réglementée et que seuls les quelques cueilleurs autorisés par la préfecture ont le droit de le faire. Le houx est rare dans ses zones d’habitat naturel et cela ne va pas aller en s’améliorant car il apprécie les Ubacs, les combes fraîches et humides. De plus, il a une croissance très très lente et il ne peut pas repousser aussi vite que ce qu’on le coupe.
Si vous plantez un houx dans votre jardin, ne soyez pas étonnés s’il n’a pas de boules rouges car il y des Messieurs et des Dames chez les houx et seules les dames produisent des baies.
Les feuilles de houx sont très esthétiques disposées en décoration sur les tables de Noël, elles semblent briller de mille feux, comme si on les avait vernies. C’est un peu ça en fait car elles sont revêtues d’un vernis végétal qui les protège d’une trop forte évaporation, (tout comme les piquants), tout en les rendant coriaces et résistantes.
On faisait autrefois des balais de houx purificateurs utilisés sur les autels et dans les maisons ou les plans de travail. Le mot « houspiller » vient de cet arbre et de cet usage. Les catholiques ont vu la vie du Christ dans cet arbre car ses fleurs blanches symbolisent sa pureté, les baies rouges son sang et ses épines la couronne du Christ.

Les Treize desserts : cette tradition vient d’une autre coutume antique au cours de laquelle les maîtresses de maison sortaient tout ce qu’elles pouvaient proposer à manger (pas forcément 13) afin de susciter la prospérité et l’abondance pour la nouvelle année à venir. Les saturnales correspondaient au moment où on ouvrait les réserves hivernales, on n’y avait encore pas pioché dedans. Elles prédisaient une abondance inépuisable, on y voyait l’âge d’or sur lequel régnait Saturne (« Sata » venait du mot semence). Lors de ces saturnales, les esclaves nouvellement affranchis arboraient le bonnet phrygien, emblème repris par les Républicains qui orne la tête de nos Mariannes dans les mairies. Le nombre 13 est arrivé avec le christianisme et fait allusion au nombre de personnes présentes au dernier repas du Christ lors de la cène.
La pâte de coing : L’écrivaine provençale, Marie Mauron explique que dans un de ses livres il était de tradition d’aller voler les coings du voisin et réciproquement une nuit de pleine lune afin de créer une fraternité anonyme autour de Noël. Le cognassier et le coing symbolisent la résurection dans l’iconographie chrétienne. Pour les fêtes, si vous souhaitez être en beauté, vous pouvez vous préparer une ancienne recette de « bandoline », ancienne lotion capillaire lissante qui était à base de pépins de coings et d’eau (pépins de 3 coing dans 300 ml d’eau qu’on fait bouillir 5 à 10 minutes jusqu’à ce que ça prenne une consistance de gel).
• La bûche de Noël tire son origine de la tradition provençale du « cacho fio » (feu caché), au cours de laquelle le plus âgé et le plus jeune de la famille la disposent dans l’âtre en souhaitant que s’ils ne sont pas plus, qu’ils ne soient pas moins dans l’année à venir. Dans certains foyers, ils cachaient des friandises dans les interstices de la bûche que les enfants récupéraient avant le dépôt dans l’âtre. Il fallait en principe qu’elle soit issue d’un arbre fruitier. La bûche devait se consumer du 24 décembre au premier de l’an. Pour cela, on la recouvrait de cendre afin que ça fasse du charbon de bois dont les morceaux restants étaient partagés et conservés précieusement par les membres de la famille. On les sortait en guise de protection en cas d’orages, de maladies graves…
• Le nougat noir et le nougat blanc : ils symbolisent la lutte du bien et du mal dans la religion catholique. A l’origine dans les familles on ne faisait que du nougat noir, le blanc est arrivé plus tard et confectionné par les pâtissiers. Ce dernier est beaucoup plus difficile à fabriquer, les frères Sylvain de St Didier ont mis plusieurs années à élaborer leur recette définitive fort réussie. Les premiers nougats étaient à base de noix, le mot nougat viendrait du mot « nougue », le nom de la noix en patois Dauphinois.
• Les mendiants sont les fruits secs : amandes, noisettes, noix, dattes, raisins et figues qui avaient été mis à sécher au grenier sur des canisses. Ces mendiants figurent par leurs couleurs celles des vêtements des ordres mendiants qui ont fait vœux de pauvreté. On trouve différentes correspondances entre la couleur des fruits secs et ces ordres religieux suivant les ouvrages consultés. Dans l’un d’eux, il est dit qu’aux amandes correspond l’ordre des carmes, les augustins pour les noix et noisettes les figues pour les franciscains et les raisins secs pour les dominicains. Le noyer : son bois sert à faire les tambourins provençaux et les coffres de mariage contenant la dot de la mariée. On en a fait du nougat noir autrefois.
L’amandier : on le plantait en arbre limite et on donnait près de cet arbre, une énorme fessée au cadet des enfants afin qu’ils se souvienne des limites de la propriété. Tout comme la noix, l’amande symbolise la foi en dieu dissimulée au plus profond de l’être car ces fruits secs sont bien cachés sous le brou ou l’écale, puis la coque.
Le noisetier : son nom de genre corylus provient du mot casque en grec. Une tradition affirme que le soir de Noël, Une branche de chaque noisetier pousse en or. Autrefois, on confectionnait les baguettes magiques avec du noisetier. Les celtes voyaient en cet arbre le lien entre les 3 mondes des dieux, des êtres vivants et des morts. Les allemands ont une expression «geb mit mir in haselnis » qui signifie viens avec moi sous le noisetier, (méfiez-vous, ce n’est pas pour les ramasser car on pense là-bas que les enfants naissent sous les noisetiers).
Le figuier : son dépérissement prédisait les pires catastrophes dans l’antiquité. Après le gros souper du 24 décembre ou tous les autres repas en général, on lavait la vaisselle à l’aide de ses feuilles râpeuses. On attribuait aux figues prêtes à être consommées des qualités religieuses : - L’humilité car une figue bien mûre a la tête penchée - La pauvreté car sa robe est alors souvent déchirée - La contrition car des larmes s’écoulent lorsqu’elle est bien mûre, une variété de figues blanches est d’ailleurs appelée la goutte d’or.
Le micocoulier : on l’appelle le falabreguièr en Provençal et Mireille de Mistral vit au mas des falabregièrs. Le 24 décembre au soir un déguste la fiasque de sauve-chrétien, alcool à base de micocoules. Les micocouliers étaient autrefois plantés près des temples et on y suspendait des cloches afin d’éloigner les mauvais esprits. Les temples furent remplacés par des églises et les cloches accrochées aux clochers. Je vous souhaite de passer un bon Noël et… « A l'an que vèn, se sian pas mai que siguen pas mens ».
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