Théâtre "Lucrèce Borgia"

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Lucrèce Borgia, tragédie ambivalente et subversive, sorte de monstre de beauté comme d’inconvenance.
Pour sa troisième mise en scène à la Comédie-Française, après Cyrano de Bergerac repris cette saison, et Fantasio, le sociétaire Denis Podalydès revient au siècle romantique avec une des pièces maîtresses de Victor Hugo, Lucrèce Borgia, entrée au Répertoire en 1918. « […] et maintenant mêlez à toute cette difformité morale un sentiment pur, […] le sentiment maternel ; dans votre monstre, mettez une mère ;
[…] et le monstre fera pleurer », lit-on dans la préface.

La mise en scène d’Antoine Vitez, en 1985 à Avignon, a nourri le désir du metteur en scène de suivre Hugo dans son lyrisme pour « mieux descendre dans ce gouffre d’ombre qu’est Lucrèce Borgia, tragédie ambivalente et subversive, sorte de monstre de beauté comme d’inconvenance », pour restituer la violence poétique du drame incestueux. La pièce réclame une ampleur du geste, du sentiment, un jeu qui accepte le ridicule et l’exagération, et marie sans retenue le grotesque et le sublime. « Hugo dans chaque scène s’emploie à tendre cet arc, à accentuer les contrastes. Cette loi fondamentale du drame, c’est bien dans Shakespeare que Hugo l’a prise. » La scène d’exposition s’ouvre sur une gondole où un groupe d’hommes débraillés, masques grotesques sur le visage, conte l’histoire de l’ignoble famille Borgia, rappelant comment les deux frères César et Jean se sont entretués pour l’amour de leur soeur Lucrèce.